L’effet rebond ou paradoxe de Jevons 

 

Dans la quête d’une utilisation plus efficace des ressources énergétiques, les bâtiments sont devenus un terrain privilégié pour des initiatives visant à réduire la consommation d’énergie et à promouvoir des pratiques plus durables. Cependant, un élément souvent négligé dans ce domaine est celui du « paradoxe de Jevons », également connu sous le nom d’effet rebond. Ce concept soulève une question fondamentale : est-il possible que les efforts visant à économiser de l’énergie conduisent finalement à une augmentation de la consommation d’énergie plutôt qu’à une réduction ? 

 

Qu’est-ce que l’effet rebond ?  

 

Historiquement formulé par l’économiste britannique William Stanley Jevons en 1865 dans le contexte de l’utilisation du charbon, le paradoxe de Jevons suggère que des améliorations d’efficacité énergétique peuvent en réalité augmenter la consommation totale d’énergie en stimulant une demande accrue pour les biens et services rendus moins chers par ces économies.  

En effet au XIXème siècle, l’économiste constate qu’après l’introduction de la machine à vapeur de James Watt au rendement plus efficace que la précédente, la consommation de charbon augmente fortement, au lieu de diminuer.
Pourquoi ? Les gains énergétiques et donc financiers de cette nouvelle machine à vapeur ont eu comme effet de généraliser son utilisation et donc d’accroître la consommation totale de charbon en Angleterre. 

 

L’effet rebond dans un bâtiment  

 

Appliqué aux bâtiments, cela signifie que des technologies plus efficaces, telles que l’isolation renforcée, l’éclairage LED ou les appareils électroménagers à faible consommation, pourraient inciter les occupants à utiliser davantage d’énergie ou à agrandir leur espace habitable, annulant ainsi les économies réalisées. 

L’effet rebond peut se manifester de plusieurs manières dans un bâtiment. Par exemple, une amélioration de l’efficacité énergétique d’un système de chauffage peut inciter les occupants à augmenter la température intérieure pour plus de confort, compensant ainsi les économies réalisées. De même, des économies sur les factures d’électricité dues à l’utilisation de lampes LED peuvent inciter les occupants à laisser plus souvent les lumières allumées ou à installer davantage d’appareils électriques. 

Les effets rebond peuvent également se produire à l’échelle macroéconomique. Par exemple, une baisse des coûts énergétiques pour les entreprises peut entraîner une augmentation de la production ou une expansion des activités, augmentant ainsi la demande énergétique globale. 

 

Solutions pour limiter l’effet rebond  

 

Cependant, il est important de noter que l’effet rebond n’est pas inévitable et peut être atténué par des pratiques appropriées. Par exemple, une sensibilisation accrue des occupants aux implications environnementales de leur consommation d’énergie peut les inciter à adopter des comportements plus économes. 

Différentes solutions sont envisageables 

  • Faire de la pédagogie sur les sujets de l’énergie en permettant les feedbacks et les retours d’information sur le comportement des occupants. En mettant en place un monitoring des consommations d’énergie avant et après travaux d’isolation par exemple. Cela permet d’intégrer l’usager dans la démarche et de lui montrer l’impact de ses usages tout en contrôlant l’efficacité des travaux réalisés. 

 

  • Déployer des nudges pour inciter aux comportements éco-responsables de manière simple et incitative. Différents nudges vous sont proposés dans votre kit candidat. Ils peuvent aussi être imaginés dans le domaine du confort thermique et des consommations de chauffage pour limiter l’ouverture des fenêtres en plein hiver ou inciter à choisir une température de consigne à 19°C et la faire diminuer la nuit.    

 

En conclusion, bien que les efforts visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et faire évoluer les usages soient essentiels pour réduire les consommations, il est crucial de reconnaître et de prendre en compte le paradoxe de Jevons et l’effet rebond associé. En comprenant les mécanismes sous-jacents et en mettant en œuvre des actions et des pratiques appropriées, nous pouvons maximiser les avantages des économies d’énergie tout en minimisant les risques d’une augmentation de la consommation énergétique globale. 

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