Le télétravail : votre prochain levier CUBE

Le 13 mai dernier, les candidats de la saison 2 de CUBE Etat ont eu l’occasion d’échanger avec Mathéo Parisse, consultant énergie et notamment contributeur d’une enquête terrain passionnante sur le télétravail parue en janvier 2024 : “Télétravail et fermeture ponctuelle des bureaux : quels impacts environnementaux ? Bilan de l’expérimentation de l’hiver 2022-2023 ”, consultable dans son exhaustivité sur le site de l’ADEME : https://librairie.ademe.fr/societe-et-politiques-publiques/6797-teletravail-et-fermeture-ponctuelle-des-bureaux-quels-impacts-environnementaux-.html#.

L'étude qui révèle comment réaliser 25 à 35% d'économies par télétravailleurs par jour

Face au risque de pénurie d’énergie de cet hiver critique, le Ministère de la Transition Energétique et l’ADEME, appuyés par l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment (IFPEB) et Auxilia Conseil, ont consulté 9 sites de bureau et 119 volontaires du pôle ministériel du développement durable (MTECT-MTE-Smer), de la DGAC et de l’ADEME pour mesurer le bilan énergétique du télétravail et déterminer les conditions dans lesquelles il est le meilleur possible. L’étude détaille les impacts sur les bureaux en révélant les indicateurs clés de performance, l’impact des transports évités, et les conditions pour maximiser les économies d’énergie, mais surtout, l’étude propose un mode opératoire pour optimiser les bénéfices du télétravail en termes d’impacts environnementaux.

Le résultat ? Le bilan énergétique global du télétravail est positif, notamment grâce aux économies d’énergie liées au transport, fortement dépendantes de la localisation du site et de la distance domicile-travail : en région, les économies d’énergie sont 2 à 5 fois plus importantes qu’à Paris. Et ce qui change la donne pour le bureau ? La fermeture du site. En hiver, avec un télétravail organisé (protocole de fermeture de site totale sur une journée adossée à un week-end), le bilan énergétique global est de 25 à 35 % d’économies d’énergie par télétravailleur et par jour, et 30 à 40% d’émissions de CO2 évitées par télétravailleur et par jour.

A noter qu’il y a 10 points d’écart entre les zones urbaines denses (25% d’économie moyenne avec en levier principal la mise en sommeil des bureaux) et les zones périurbaines ou rurales (économie moyenne de 35% avec le levier des transports évités).

Focus bureaux 

Le Plan Sobriété de l’hiver 2022-2023 a fait émerger de nombreuses actions d’économies d’énergie, ritualisées depuis : retarder le démarrage de la saison de chauffe, régler la consigne de chauffage sur 19/20°C, réaliser des réduits en inoccupation. Avec 20% d’économies d’énergie en moyenne à la clé, tous usages confondus, et 38% sur le chauffage en novembre et décembre 2022 par rapport aux mêmes mois en 2021 : en bref, les bénéfices que l’on peut trouver chez les candidats de CUBE Etat qui parviennent à embarquer chacune de ces bonnes pratiques dans leur plan d’action. L’enquête révèle que les administrations de l’Etat ont réduit durant l’hiver 2023de plus de 10% leur consommation d’électricité et de gaz… et la saison 1 de CUBE Etat a confirmé cette tendance !

Le levier absent qui pourrait tout accélérer drastiquement : une stratégie pérenne d’intensification des usages visant à bénéficier du télétravail. Les économies d’énergie constatées sont à date totalement imputables aux actions de sobriété, qui baissent la consommation globale, là où les actions de fermeture de site permettent notamment de gérer des jours de tension sur le réseau.

Zones urbaines denses et zones requérant des déplacements longs (majoritairement en voiture) 

Le bilan énergie et carbone pour une personne sur une journée télétravaillée en hiver varie principalement en fonction de la localisation du bâtiment de bureau. Pour des sites où les occupants viennent majoritairement en voiture, l’impact global d’une fermeture de site est systématiquement positif, quand en zone urbaine dense, on doit s’assurer de l’optimisation technique d’une fermeture de site pour s’assurer d’économies d’énergie et carbone :

Des actions à fort potentiel d’économies et des gisements plus importants encore à trouver dans CUBE

Chez les enquêtés qui ont pratiqué la mise en sommeil partiellement ou totalement, la période des fêtes de fin d’année a été privilégiée, en passant les sites hors exploitation ou en exploitation réduite. Les Centrales de traitements de l’air et équipements de ventilation associés ont été totalement arrêtés lors des fermetures totales, le chauffage mis hors gel, les restaurants d’entreprise intégralement coupés et pour les sites pilotables, les systèmes d’éclairage ont été passés en mode inoccupé (avec le maintien du mode détection et un temps court d’allumage. En cas de fermeture partielle, des mises en réduit des centrales de traitement de l’air ont été observées (la coupure totale n’étant pas possible compte tenu des salles serveurs), les sites ont réduit les ascenseurs en marche (sans arrêt total pour des raisons de sécurité). Les sites ont tous maintenu l’éclairage de sécurité, les CTA alimentant les PC sécurité et sûreté ont été maintenues, et tous les sites disposant de ornes IRVE les ont maintenues.

Ce sont 25 à 40% de réduction des consommations à la clef à l’échelle du bâtiment quand la fermeture s’est déroulée autour d’un week-end, au gré d’un processus difficile de mise en sommeil des sites en cas de fermeture partielle. Il est possible d’aller plus loin sur les économies : le gisement maximal sur une journée de fermeture d’un site de bureau se situant autour de 60% avec une mise en sommeil intégrale optimisée d’un site.

  • Que regarde-t-on ? Le ratio de consommation énergétique du site (kWh/m²/an), la stratégie de fermeture et la présence d’actions de sobriété (différentiel entre consommation journalière ouvrée et non ouvrée). L’impact sur le bilan énergétique varie en fonction de l’occupation et de la performance énergétique du site.
    Trois niveaux de gisement d’économies se distinguent : le premier, à 30%, concerne les actions de sobriété en semaine et en période d’inoccupation ; le deuxième à 45%, avec des actions de sobriété déployées en semaine mais peu ou pas réalisées en période d’inoccupation ; le troisième, le plus conséquent, lorsque les actions de sobriété sont peu déployées en semaine et nulles en période d’inoccupation.

 

Une culture à trouver ensemble

 

La pratique du télétravail s’est « démocratisée ». Le confort d’organiser sa semaine en fonction des contraintes professionnelles et personnelles est appréciée, et cette flexibilité est perçue comme structurante sinon essentielle. Néanmoins, le besoin de présence physique pour des interactions directes reste au cœur de la dynamique de travail. Les collaborateurs tiennent à la possibilité de personnaliser leur environnement de travail et sont peu enthousiastes aux pistes de flexibilisation avec le partage de bureaux ou l’absence de bureau fixe, souhaitant préserver un « lieu refuge » en cas d’indisponibilité du domicile ou d’inconfort thermique, notamment en période estivale. Il convient de mettre à disposition des espaces de stockages personnels, et de trouver le bon équilibre et les bonnes dynamiques pour que les synergies sociales propres au bureau soient préservées.

La fermeture partielle d’un site requiert de la prudence, organisationnelle et communicationnelle, en sus des besoins techniques et des questions de connectivités et d’outils essentiels pour maintenir une expérience de télétravail efficace (le transfert d’appels, par exemple). Il est capital de prendre en compte les besoins individuels en termes d’interaction et de proximité avec les collègues. Le conseil CUBE : poser la question aux occupants. Car sur les sites enquêtés, tous comprennent le sens d’une fermeture de site et la plupart expriment leur soutien moyennant des économies d’énergie constatées. Il sera systématiquement apprécié que la décision soit transparente voire collégiale concernant les changements dans les espaces de travail. Privilégier le dialogue, c’est une clé (gagnante) de cubiste.

 

Le mode opératoire gagnant d’une fermeture de site

 

Est-ce possible ? Est-ce pertinent ? 

Première étape : vérifier la faisabilité, d’une part, mais aussi la pertinence énergétique d’une fermeture de site : quelle continuité des services ? y a-t-il une alternative à proposer à ceux pour qui le télétravail n’est pas une possibilité viable ou professionnellement adaptée ?

  • L’étude révèle un cas où la fermeture de site a révélé un impact impertinent : le site de Pouget Consultants qui a répondu à l’enquête pratique une ouverture du télétravail ouverte à raison de deux jours par personne sans jour fixe imposé connaît une densité importante avec beaucoup d’apports internes (usagers, matériel informatique…). Or les jours sans occupation impliquent des consommations de chauffage parfois plus élevées que des jours à occupation normale à météo équivalente. Situé en annexe de l’étude (pp.104-105), ce retour d’expérience est édifiant sur la nécessité de connaître son bâtiment pour trouver les bonnes pratiques adaptées à son « profil énergétique ».

 

Quels critères vérifier ?

Concernant la faisabilité, il convient de vérifier le mode d’occupation (mono ou multi), la présence d’activité ou métiers incompatibles avec le télétravail, la disponibilité d’une zone de regroupement disponible à proximité ou dans le bâtiment, l’existence d’une organisation en flex office… Et pour mesurer la pertinence environnementale d’une fermeture de site, la situation géographique, la densité et le taux de son occupation, la performance du bâtiment et sa sobriété énergétique, et la possibilité d’un zonage CVC en vertical ou horizontal, et d’un pilotage… qui revient à la faisabilité technique de la fermeture (pilotage en place, fonctionnement des équipements, etc.). Pour pouvoir réaliser une fermeture partielle de site, un zonage vertical (par colonne) ou horizontal (par étage) doit être possible. Et en cas de fermeture totale, il faut vérifier que des réduits voire l’arrêt des systèmes de chauffage soit possible tout en anticipant la relance à la reprise d’activité. Au niveau technique, il faut viser le maintien des consommations essentielles du bâtiment (son talon : serveur, éclairage de sécurité, etc.)

…Et dans une logique de cubiste, pour maximiser son potentiel d’économies, la bonne idée est de cartographier le ou les bâtiments à fort gisement lors d’une fermeture de site en vérifiant la densité d’occupation, les niveaux de consommation en kWh/m²/an et la localisation.

Quelle stratégie de fermeture de site organisationnelle et sociale ?

 

La bonne équipe 

Au sein de l’organisation, comme dans CUBE, il faut s’entourer des bons acteurs pour s’assurer du succès d’un projet de fermeture de site. Seront clés les acteurs de l’environnement du travail (gestion technique des équipements et du bâtiment, prestataires éventuels (restauration, entretien, sécurité, maintenance), mais aussi les services de ressources humaines) et les acteurs de la performance environnementale (RSE dans les entreprises) :

Communiquer et sensibiliser 

Des réticences peuvent subsister : les collaborateurs peuvent ne pas apprécier de se voir imposer des jours de télétravail, et le droit collectif du travail requiert de consulter les instances représentatives du personnel. Les freins peuvent même concerner la densification elle-même, avec les préoccupations liées au confort et à leur satisfaction (volonté de garder un bureau individuel, d’avoir son espace personnel…). Aussi, certaines mesures de densification sont perçues comme des restrictions de liberté en cas de fermeture totale ou d’inconfort en cas de fermeture partielle.

Aussi il est primordial de communiquer en amont : il faut anticiper et préparer une fermeture de site en lien avec les collaborateurs. Le partage d’informations peut se faire via les outils SI à disposition et idéalement via un relai managérial (comme dans CUBE, un appui de la direction a un impact positif sur la diffusion des messages). Il ne faut pas négliger de s’appuyer sur la communication gouvernementale pour favoriser un plan de sobriété interne pour accréditer la démarche et lever quelques freins « émotionnels ». La mise en place de signalétique pour flécher es espaces de travail ouverts ou fermés en cas de fermeture partielle aide à l’appropriation, et une communication ciblée pour les collaborateurs dont le poste ne permet pas le télétravail est nécessaire, qu’il s’agisse d’indiquer un lieu de regroupement ou la démarche à suivre.

Un accord de télétravail peut émaner d’un accord collectif, ou d’une charte élabore par la direction. Il détaille les conditions de passage au télétravail et les conditions de retour, les modalités d’acceptation par le salarié, les modalités de contrôle d temps de travail ou de régulation de la charge, la détermination des plages horaires concernées et les modalités d’accès des travailleurs handicapés à une organisation en télétravail.

 

Définir une stratégie technique 

L’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID), dans son Baromètre de la performance énergétique des bâtiments, estime à 75% la part de la consommation énergétique qui pourrait être mise en sommeil lors d’une fermeture de site en pilotant les postes de chauffage, de refroidissement, d’éclairage, de bureautique et de ventilation.

De quoi cibler les actions prioritaires pour réduire les consommations !

L’optimisation temporelle, quant à elle, consiste à flécher journée de fermeture autour du week-end (le lundi ou le vendredi). Cela permet de mettre le bâtiment en hors gel avec une programmation de remise en chauffe mobilisant uniquement le système de chauffage le plus performant.

Reste à arbitrer entre la fermeture de site technique totale ou partielle. La première met en réduit plus de 80% du bâtiment, dont les CTA, l’arrêt de l’éclairage extérieur et/ou intérieur, la fermeture du restaurant et l’arrêt des colonnes d’ascenseur. La seconde permet de mettre en sommeil son bâtiment par zone ou par étage, qu’il s’agisse de la CTA ou du chauffage, d’arrêter des colonnes d’ascenseur et de densifier si possible certains espaces pour couper les équipements des espaces vides.

Deux points de vigilance : quelle est la puissance appelée des équipements à la reprise ? Et en cas de fermeture partielle de site, les économies sont-elles intéressantes ? En effet, si le bâtiment n’a pas été conçu pour au départ avec un zonage et un isolement par étages, il est très difficile de fermer partiellement un bâtiment de façon horizontale.

 

Les économies d’énergie liées au télétravail : CUBE ou pas CUBE ? 

CUBE est un catalyseur de bonnes pratiques avec une excellente captation des effets en temps réel. Outre l’opportunité d’aller à la rencontre, en même temps que ses occupants, de la vie du bâtiment, de son fonctionnement et de celui de ses équipements, le concours invite à construire une carte d’identité énergétique de son bâtiment et de repérer ses potentiels. CUBE, en invitant à embarquer la sobriété dans la pratique quotidienne de ce lieu de production intellectuelle et de faire société, pose des briques stratégiques compatibles avec le déploiement d’une stratégie de fermeture totale ou partielle du bâtiment.

Le déploiement, sur une première année, de nouvelles attentions de pilotage d’une part, mais aussi de refonte des utilisations et avec elles des usages pour une meilleure sobriété, reste la priorité des cubistes. Mais cette ambition permet de dégager tous les paramètres pour apprécier la faisabilité et faciliter la mise en œuvre d’une fermeture occasionnelle au titre du télétravail.

La première maille étant, comme pour CUBE, de constituer une équipe projet, et, pourquoi pas grâce à CUBE, de faciliter la cartographie des gisements d’économies liées à une optimisation technique du télétravail, notamment par le zonage (idéalement vertical, par étage, et, si faisable avec un bâtiment suffisamment sécable, horizontal, même si c’est moins facile), on retrouve des « réflexes » CUBE dans la combinaison d’une démarche de sobriété et une démarche d’optimisation technique du télétravail en quête d’un impact environnemental positif.

Ce que CUBE introduit également dans les structures, c’est une voie de dialogue et d’échange en proposant de s’essayer à une dynamique concertée avec les occupants. Non seulement les bonnes pratiques communicationnelles peuvent rejaillir sur le besoin de sensibiliser des occupants à une fermeture occasionnelle de site, cette dernière peut s’aligner aux enjeux d’économies d’énergie auxquels le concours invite de faire adhérer le plus grand nombre : les occupants y verront une cohérence, une continuité dans la démarche exemplaire, avec des impacts mesurables associés qui accréditeront la démarche.

Aussi, il est parfaitement CUBE de se poser la question, et même de tester sur un ou plusieurs bâtiments à l’occasion d’une deuxième participation. Les cubistes de l’Etat qui auraient exploré cette piste dans leur stratégie d’atténuation sont invités à venir étoffer de leur expérience cette étude inspirante, impactante et résolument pratique qu’il convient de faire vivre par les retours terrain. Pourvu que le mode opératoire préconisé soit observé, c’est un pari gagnant et possiblement un levier très efficace à explorer pour surpasser des objectifs déjà ambitieux d’économies d’énergie et de sobriété : un confort moderne, cohérent avec la vie des usagers et les nouveaux besoins d’intensification des usages, qui accélère la parfaite connaissance des bâtiments, et leur conciliation aux nouveaux modes de travail.

Envie d’essayer ? A vous la parole !
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